Produire l’égalité : la Revue du CREMIS entre critique sociale et créativité citoyenne

Depuis 20 ans, les membres et personnes collaboratrices du CREMIS se consacrent à faire avancer les connaissances sur les inégalités sociales et les discriminations, tout en contribuant au développement de pratiques alternatives de citoyenneté. Dans le présent texte, je propose d’analyser les textes parus dans la Revue du CREMIS, à la lumière dela mission de notre centre. Les 296 articles publiés jusqu’à ce jour dans la revue, fondée en 2008, constituent autant de traces laissées par cette activité engagée. Mais quels liens peut-on faire entre cette production d’articles et la réalisation de la mission initiale du centre? S’agit-il d’une mission accomplie (ou en voie de l’être) ou d’une cible lointaine?

Bien-être, mal-être et la production de l’égalité

Pour répondre à ces questions, il faut d’abord s’interroger sur ce que veulent dire inégalités sociales et pratiques alternatives de citoyenneté. En 2008, au début d’une recherche effectuée au CREMIS sur le bien-être des personnes aînées et le soutien à domicile, un article signé par deux chercheurs-euses et des auxiliaires intervenant à domicile paraît dans la Revue. Les auteurs-trices soulignent la nécessité de tenir compte des « dimensions matérielles et relationnelles du bien-être » [1], d’autant plus que le mal-être relationnel occasionné par l’isolement des aînés-es n’est pas nécessairement accompagné par des manquements sur le plan matériel. Pendant le projet, à la lumière des témoignages des personnes soutenues à domicile et des auxiliaires, d’autres dimensions du bien-être ont émergé, dont l’importance pour les personnes de prendre leurs propres décisions (le bien-être décisionnel), de se sentir bien dans l’espace et le temps (le bien-être spatio-temporel), et d’être bien dans leur corps et leur esprit (le bien-être corporel). En 2014, les chercheurs-euses impliqué-es publient un autre article dans la revue sur l’importance de tenir compte de ce « bien-être en cinq dimensions » pour ne pas réduire les personnes soutenues à domicile à des corps à héberger, soigner, laver et nourrir — un regard déshumanisant qui correspond à l’âgisme.

Le groupe de chercheurs-euses spécialisé-es en « inégalités sociales et insécurité alimentaire », associé au CREMIS, constate un processus similaire de « réduction identitaire » vis-à-vis des personnes ayant besoin de soutien alimentaire, et qui peuvent être réduites à autant de bouches à nourrir. En fait, des processus comparables de réduction identitaire s’avèrent centraux dans la plupart des rapports sociaux inégalitaires, où de tels préjugés peuvent se traduire par des actes discriminatoires (traitements différentiels) qui constituent un mécanisme clé dans la (re)production des inégalités sociales. Dans ce sens, une pratique alternative de citoyenneté serait une pratique non réductionniste qui reconnaît la personne dans sa globalité, c’est-à-dire, dans les cinq dimensions de son bien-être. En 2020, des chercheuses collaboratrices du CREMIS à l’Université de Barcelone appliquent ce raisonnement en faisant la distinction entre les pratiques traditionnelles, nouvelles et alternatives dans l’aide alimentaire à Barcelone, les pratiques alternatives étant fondées sur les cinq dimensions du bien-être telles que définies ici [2].

À ces cinq dimensions du bien-être (matérielle, relationnelle, corporelle, décisionnelle et spatio-temporelle), correspondent, logiquement, les cinq dimensions du mal-être, qui peuvent être interprétées comme correspondant aux cinq dimensions des inégalités sociales elles-mêmes. Pendant que le mal-être se référerait à l’appréhension subjective des rapports sociaux inégalitaires (tels que perçus et ressentis par les personnes qui les subissent), le terme inégalités sociales peut être compris en référence à l’appréhension objective de ces mêmes rapports. Si les cinq dimensions du mal-être correspondent effectivement aux cinq dimensions des inégalités sociales, reconnaître les cinq dimensions du bien-être d’une personne peut vouloir dire la reconnaître comme une égale sur ces cinq dimensions, et donc peut être perçu comme producteur d’égalité. D’où la question principale posée dans ce compte-rendu des articles parus dans la Revue du CREMIS : est-ce que les programmes, interventions et pratiques qui font l’objet des articles de la revue depuis 2008 produisent du mal-être (et donc de l’inégalité), du bien-être (de l’égalité), ou les deux en même temps? Et, dans tous les cas, lesquelles de ces cinq dimensions sont-elles affectées, et de quelle manière?

Documenter le mal-être

Sur les 296 articles de la revue publiés à ce jour, 14 % traitent principalement des inégalités sociales subies et ressenties. Sur le plan relationnel, par exemple, on souligne le poids des inégalités portées par les jeunes jugé-es déviant-es (« jusqu’aux limites de l’inénarrable » [3]), de la solitude des jeunes qui ne sont ni au travail ni aux études (les NEET) et qui peuvent souhaiter que « quelqu’un m’attende quelque part » [4], de la « vulnérabilité sexuelle » [5] de certain-es jeunes, du « risque suicidaire » des « jeunes des minorités sexuelles » [6], de la difficulté de « se sentir chez soi » face à l’« homophobie en milieu scolaire » [7], des « chemins contrastés » [8] des jeunesses européennes dans le passage à la vie adulte, ou encore de l’expérience variée de « vivre une pandémie » [9] chez de jeunes Québécois-es. On repère aussi du mal-être dans l’expérience de la pandémie de familles immigrées sans papiers durant le confinement en France, documentée (à distance) dans le « Journal des premiers jours » [10], tandis que la nostalgie pour le pays perdu, accentuée par l’expérience d’être immigrante à Montréal, fait l’objet des « souvenirs de la Kabylie » [11]. L’expérience des travailleurs-euses temporaires migrant-es au Québec n’est pas en reste, appelant « respect et résistance » [12], tout comme celle de leurs confrères et consœurs en Colombie-Britannique, dont on raconte les « histoires de travail » [13] dans la vallée de l’Okanagan. Il est aussi question de « l’impossible passage » [14] vers les nouvelles formes d’emploi atypique au Québec et, dans une contribution inédite à partir d’observations faites sur place en Chine, des conditions de travail insoutenables dans la nouvelle « usine du monde » [15].

Par ailleurs, le mal-être (sur toutes les cinq dimensions) des personnes en situation d’itinérance occupe une place centrale dans la revue, avec 22 % de tous les articles portant sur cette question. On fait référence à des « ruptures sociales et des expériences de fragilisation » [16] qui mènent vers l’itinérance, aux « déracinements » [17] et à la « précarité résidentielle en région » [18] comme facteurs contributifs, aux enjeux de la « mixité, non-mixité et vulnérabilités de genre » [19] dans l’expérience des femmes en situation d’itinérance en France et au Québec, et à l’importance d’entendre les voix de celles et ceux qui ont dû « passer par là » [20] et qui font face au « casse-tête » [21] de la survie dans la rue, incluant la « pratique de la mendicité ordinaire » [22] sous les regards (ou l’absence de regards) des passant-es, des commerçant-es et des policiers-ères. L’étiquette homogénéisante (et réductrice) de l’itinérance (ou du « sans-abrisme » [23], en Europe) cache une diversité de « trajectoires de vie » [24], comme le souligne un article faisant le bilan du premier colloque national sur l’itinérance organisé par le CREMIS (à la demande du Gouvernement du Québec) en 2017. L’auteur souligne la nécessité de voir la « diversité de populations sans domicile ou à risque de l’être » et d’éviter ainsi de contribuer à leur réduction identitaire, elle-même productrice d’inégalité.

L’État dans la mire des critiques

Le quart de tous les articles publiés dans la revue porte sur la critique des politiques et programmes qui peuvent contribuer au maintien des inégalités et du mal-être ressenti, avec un accent particulier sur les systèmes d’aide (ou d’assistance) sociale et les systèmes de justice. Dans le cas de l’assistance sociale, on critique, entre autres, « le contrôle des allocataires d’aide sociale en France » [25], les « tours de vis » [26] dans la matière au Québec depuis les années 1960 et le « dilemme éthique » [27] des médecins qui doivent décider de l’employabilité des personnes et de leur accès (ou non) à un barème d’assistance plus élevé. Ce dernier dilemme fait l’objet du tout premier numéro de la revue en 2008 et continue à occuper les esprits avec la difficile évaluation de la contrainte sévère à l’emploi » [28] et « les sables mouvants de l’incitation au travail dans les politiques d’assistance sociale » [29]. D’autres articles décrivent le « démantèlement » [30] ou la « reconfiguration de l’État social » [31], la « nouvelle gestion publique » [32] et son impact sur les populations marginalisées, et les « contre-offensives de classe » [33] qui ont mené à la suppression des CLSC au Québec comme entités distinctes. Toutes ces stratégies gouvernementales peuvent être perçues comme potentiellement productrices de mal-être et d’inégalité, souvent malgré les bonnes intentions des intervenant-es (dont les médecins et agent-es d’aide sociale) responsables de les mettre en place, qui peuvent vouloir « sortir du carré de l’emploi » [34] pour mieux venir en aide aux personnes.

Les « institutions juridiques » [35] et leur rôle dans la reproduction des inégalités sont aussi au centre des critiques, y compris la « judiciarisation des populations itinérantes » [36], les « jugements d’expulsion à la chaîne » [37] dans le domaine du logement, les rapports entre « jeunes Noirs et système de justice » [38], et la question complexe des procédures de « justice face à des violences du passé lointain » [39]. Tout aussi complexe en termes de reconnaissance et de souffrance, sont les « autorisations judiciaires de soins » [40] qui mettent les intervenant-es devant le dilemme entre coercition dans l’intérêt perçu de la personne et respect de son autonomie. Ce, tandis que les difficultés que peuvent avoir certaines populations à assumer, justement, cette autonomie, combinées au risque de tomber dans les mailles de la justice (et d’être surreprésentées en prison), sont traitées dans le cas des rapports entre le système pénal et les personnes présentant une déficience intellectuelle ou un trouble envahissant du développement — rapports qui exigent de tenir compte du « regard de l’autre » [41]. Si l’État et les systèmes mis en place sont dans la mire de ces critiques, le rôle joué par les discriminations et les stigmatisations dans les interactions du quotidien est aussi omniprésent, que ce soit à l’égard de « l’étranger » [42], de l’« orientation sexuelle » [43], ou de la pauvreté en lien avec le « non-recours » [44] aux soins et aux services. Ici est souligné — comme dans le cas de l’aide sociale — le rôle des acteurs-trices et intervenant-es de terrain dans la reproduction des inégalités.

Des pratiques portées de manière autonome

Alors que 39 % des articles parus dans la revue portent sur la (re)production des inégalités et du mal-être, 51 % de tous les articles font état de pratiques qui contribuent, à un niveau variable, à la production de l’égalité et du bien-être. Je fais la distinction ici entre les pratiques décrites qui concernent les soins et services, qui font l’objet de 30 % de tous les articles, et celles qui font état de la participation citoyenne, qui représentent 21 % des articles.

Dans le premier cas, il y a d’abord les pratiques qui sont portées de manière autonome par les populations concernées, en réaction à une société inégalitaire et discriminatoire. Par exemple, plusieurs articles concernent l’action collective autochtone vouée à créer ou à protéger des espaces à l’abri des groupes dominants, que ce soit par le biais de la « Maison autochtone de Montréal » [45], des « Centres d’amitié autochtones du Québec » [46] (créés initialement par des femmes autochtones exclues de leurs communautés d’origine), ou du « Cercle consultatif en santé des Autochtones de Montréal » qui a l’objectif de « décoloniser le système de santé » [47]. Décoloniser peut vouloir dire revenir au concept de santé holistique cher aux peuples autochtones, par exemple, au « cercle de la vie » [48] prôné par le peuple Cris, ou au « projet de santé communautaire » [49] autochtone menacé par l’Église catholique au Guatemala, dans lequel a été impliqué un médecin praticien chercheur du CREMIS.

Toujours dans un esprit de résistance à la stigmatisation et aux inégalités, un groupe s’organise en santé mentale « ailleurs et autrement » [50], tandis que des personnes vivant la double réduction identitaire associée à l’homophobie et au racisme s’organisent de leur côté pour être « gai, noir, out et bien » [51]. Le bien-être, et l’égalité qui en fait partie, sont surtout entre pairs, et rendus possibles par un espace d’exception qui ne fait que souligner, par son existence, les vents contraires qui soufflent autour. De manière semblable, des pratiques de squattage documentées à Montréal et à Barcelone s’effectuent face à un marché de logement en déroute, s’agissant, dans un cas, d’un squat démantelé devant les médias montréalais après un « malentendu » [52] et, dans l’autre, d’un « saut créatif » [53] dans un quartier populaire barcelonais. Des actions de squattage semblables, mais à une tout autre échelle, sont documentées à Itzapalapa (Mexico) et Cité-de-l’Éternel (Port-au-Prince), où l’enjeu soulevé est celui d’« autonomie ou instrumentalisation » [54] — c’est-à-dire la volonté d’autonomie de la population sans terre et sans logement confrontée à l’instrumentalisation politique de leurs actions.

D’autres articles font état d’une même créativité quand le marché du travail n’offre pas de possibilités à des populations vivant dans — ou forcées vers — la marge, menant, par exemple, à la création de coopératives de travail autour de la récupération et du recyclage au Québec et au Brésil qui permettent, dans un cas, de « repenser le travail à la marge » [55] et, dans l’autre, de combiner « autogestion et résistances » [56]. Des actions autonomes semblables, en réaction à une situation où les horizons de travail sont fermés, se retrouvent dans le cadre d’un « incubateur » [57] d’emplois alternatifs face au déclin industriel d’une ville québécoise en région, et dans le cas de « coopératives communautaires italiennes » [58] — dans une Toscane également frappée par la désindustrialisation — qui jouent un rôle central dans la « renaissance des campagnes », tel que documenté par un chercheur collaborateur du CREMIS à l’Université de Sienne.

Des ponts créés à l’égard des populations

Ces différents exemples d’autonomie et de résistances font état d’initiatives ou de luttes collectives pour créer des espaces d’exception afin d’avoir accès à une certaine égalité et bien-être — ne serait-ce qu’entre pairs — dans une société qui ne garantit ni l’un ni l’autre. D’autres liens et espaces d’exception sont créés afin de donner accès à des soins, services ou conditions de vie à des populations qui en sont exclues ou qui y ont difficilement accès. Il peut s’agir, par exemple, de construire un « pont » entre les services et les familles avec enfants autistes par le biais de la « pratique d’intervention pivot » [59] ou de chercher à améliorer le bien-être de populations stigmatisées et marginalisées en instaurant des relations d’égal-e à égal-e sur le plan humain, même si les statuts sociaux en jeu peuvent rappeler constamment les deux mondes qui sont en confrontation.

Malgré cette distance en termes de statuts sociaux et la présence de multiples obstacles, il y a plusieurs exemples de pratiques d’intervention et d’accompagnement qui changent la donne et qui semblent réellement produire de l’égalité et améliorer le bien-être, dans certains cas, sur toutes les cinq dimensions. Il peut s’agir, par exemple, de redécouvrir le « sentiment d’exister » [60] dans le cadre du projet Chez-soi mis sur pied pour des personnes en situation d’itinérance ayant des troubles mentaux (leur offrant un logement, un supplément de revenu et l’accompagnement d’une équipe professionnelle dédiée), ou, dans un autre cas, de « liens qui soutiennent et qui stabilisent » [61], permettant à des personnes avec une déficience intellectuelle de vivre dans la communauté. L’« approche de collaboration » [62] au sein d’une unité de vie en CHSLD avec une « visée d’autodétermination », semble aussi changer la donne en permettant aux personnes concerné-es d’exister à part entière, malgré certaines difficultés de communication.

En regardant les articles de près, il y a de multiples cas où des chercheurs-euses documentent les différentes stratégies mises en place afin de créer des ponts vers plus d’égalité et de bien-être, tout en faisant état de certaines contraintes que les personnes peuvent avoir. Le constat principal cependant est que les contraintes se situent davantage au niveau de la société et des préjugés — dont la réduction identitaire — que des personnes elles-mêmes. C’est pour participer au démantèlement de ces contraintes qu’a été mise sur pied, par exemple, une clinique pour les jeunes de la rue en tout « respect et confidentialité » [63], qu’a été créé le programme d’intervention psychosociale en milieu scolaire « bien dans mes baskets » [64], qui réussit à ouvrir des voies à des jeunes à risque, tout en reconnaissant leur pleine humanité et autonomie, qu’a été ouvert l’organisme qui constitue un lieu de passage sécuritaire vers une sortie de rue à ses « passagères » [65] — des femmes en situation d’itinérance — ou qu’ont été formées les équipes mixtes entre services de police et d’intervention, offrant des « possibilités inédites » pour « colmater les failles » [66].

Il n’y a pas suffisamment de place ici pour faire état de la soixantaine d’articles portant sur ce type de pratiques qui toutes, d’une manière ou d’une autre, ont un impact sur une ou plusieurs dimensions du bien-être. Reconnaître les personnes dans leur globalité, de manière non-réductionniste, demande de prendre en compte les savoirs expérientiels, par exemple en favorisant « l’intégration de patientes accompagnatrices dans l’équipe de soins des patientes atteintes d’un cancer du sein » [67], ou dans l’« intervention par les pairs-aidants auprès des jeunes de la rue » [68], où les pairs-aidant-es constituent l’équipe d’intervention en tant que telle. Ces pratiques ont pour trait commun de vouloir asseoir les relations sur une base plus égalitaire, caractérisée par la reconnaissance d’autrui dans sa pleine humanité, malgré les contraintes imposées par le temps, les ressources disponibles, les préjugés ambiants et les orientations disciplinaires et de formation.

Profils d’intervenant·es hors normes

La mise en place et le maintien de ces pratiques que l’on peut qualifier d’alternatives, productrices, jusqu’à un certain point, d’égalités et de bien-être, exigent de passer outre ces contraintes, souvent avec l’aide de gestionnaires de différents niveaux qui prennent le risque de permettre l’expérimentation de pratiques hors normes, sans nécessairement tout dire à leurs supérieur-es hiérarchiques. Ironiquement, pour un système de soins et de services sociaux ayant l’obligation légale de pourvoir à la santé et au bien-être des populations, reconnaître les personnes dans les cinq dimensions de leur bien-être semble exiger des personnes qui interviennent qu’elles s’écartent des normes en vigueur, et innovent par rapport aux pratiques professionnelles prévues ou imposées. Par exemple, dans « le long parcours » [69], une psychiatre raconte sa découverte, après sa formation, de l’impact des inégalités sociales et des conditions de travail sur la santé mentale, à l’aide, entre autres, d’un stage dans un centre communautaire de santé. Celui-ci existe toujours, et son histoire a d’ailleurs fait l’objet d’un autre article de la revue, sur la « médecine sociale » [70] dans un quartier populaire.

Au centre de la plupart des pratiques alternatives décrites dans la revue, on retrouve des intervenant-es impliqué-es dans un « chaos créateur » [71] (selon un médecin œuvrant dans un centre de pédiatrie sociale), en ayant la possibilité de « faire autrement » [72] (en tant qu’infirmières de proximité), en se mettant « dans les souliers de l’autre » [73] (en tant qu’orthophoniste), en voyant l’intervention « sous un autre jour » [74] (dans le cas des troubles délirants dans l’espace public), ou en assurant « une présence » [75] humaine et solidaire auprès des personnes nécessitant des soins à domicile. Il s’agit d’autant d’interventions engagées et créatrices, produisant de l’égalité par des pratiques dont le caractère hors norme et alternatif en dit long sur les systèmes en place. C’est dans ce contexte que le rôle des chercheurs-euses peut être de « documenter la créativité » [76], alors que la créativité elle-même fait l’objet de pratiques expérimentales documentées par la recherche, une autre particularité du CREMIS en tant que lieu de rencontres entre les savoirs.

Expérimenter la créativité

Le caractère multidisciplinaire du CREMIS — 21 disciplines représentées lors du renouvellement en 2013 — et la coprésence de savoirs fondés sur la recherche, l’intervention et l’expérience de vie, ont donné lieu à un croisement permanent de savoirs, et à des processus créatifs ouvrant la voie à la coproduction d’autres « visions du monde » [77]. En tout, 61 articles sont consacrés à documenter cette créativité citoyenne, elle-même parfois productrice d’un bien-être relationnel réciproque construit dans des espaces-temps d’exception, avec un sentiment inédit d’autonomie collective et la volonté de reconnaître la valeur équivalente (ou égale) des savoirs et des personnes en présence. Si ces articles font état de multiples espaces d’exception où il y a « créativité sociale » [78] et où le partage des histoires de vie permet « l’alchimie des mémoires » [79], ce qui ressort c’est l’importance de documenter les méthodes utilisées pour favoriser l’ouverture de ces fenêtres sur un autre monde.

Cette créativité peut se vivre dans une équipe de recherche multidisciplinaire avec la rencontre improbable entre intervenant-es de la santé et des services sociaux et chercheurs-euses en sciences sociales qui se donnent la « liberté de créer » [80], comme il peut s’agir de « liaisons dangereuses » [81] développées à travers le temps entre chercheurs-euses universitaires et personnes assistées sociales. Dans ce dernier cas, pour les personnes assistées sociales, il faut « se mouiller » [82], se jeter dans le bain, être prêt-es à « marcher sans carte » [83], comme dans le cas des ateliers internationaux du CREMIS tenus au Québec, en France, « en route vers Wattrelos » [84], et en Belgique — « si un meilleur existe, il n’est peut-être pas ailleurs » [85]. Des expérimentations théâtrales sont au centre de ces pratiques, que ce soit par le biais de « l’école de l’ethno-théâtre » [86] avec des jeunes en milieu scolaire, par le théâtre d’intervention « à la belle étoile » [87], au « son de la forêt » [88] pour un groupe mixte d’autochtones et de non-autochtones s’échappant brièvement de la grande ville et de ses pièges, ou pour explorer les soins de fin de vie, « si un jour je meurs » [89]. Sont documentés aussi le « film autobiographique comme action de citoyenneté autonome » [90], le hip-hop et le slam qui permettent de « dire ce qu’on vit » [91], ainsi que des « ateliers universitaires de design participatif » avec des populations marginalisées [92].

La coproduction ou la co-invention de savoirs et de pratiques est au centre de ces articles, avec la confrontation/collaboration entre « savoirs d’expérience et savoirs professionnels » [93], le choc des cultures, les « champs à défricher » [94], donnant lieu parfois à un nouveau « pouvoir d’agir » [95], comme dans le cas de l’insécurité alimentaire à Québec et celui des « terrains bruxellois au sol fécond » [96], où les populations concernées définissent leurs propres besoins en termes d’aide alimentaire. Ces expérimentations citoyennes sont loin d’être terminées, d’autant plus que « regagner du pouvoir sur sa vie » [97], pour des populations vivant la « pauvreté et l’exclusion sociale » [98], nécessite que les personnes détentrices des savoirs dominants lâchent du lest, que les populations marginalisées puissent « se dire » au lieu d’« être dites » [99], comme les « jeunes en milieu rural » [100] et les « femmes judiciarisées » [101].

Signes de vie

En lisant ces 296 articles à la lumière de la mission originale du CREMIS, je suis tenté de conclure que la promesse des premiers jours a été tenue, mais que le travail ne fait que commencer. Sans le savoir, la Revue du CREMIS a suivi un chemin semblable à celui proposé par Peter Kropotkine pour la revue Le Révolté, dont il a pris les commandes à Genève dans les années 1880. Selon lui, la « critique de ce qui existe » est nécessaire afin de « défaire les racines du mal », mais il est aussi nécessaire de « garder un œil sur les milliers de signes de la vie nouvelle », de documenter « la germination de nouvelles formes de la vie sociale » ouvrant sur une « nouvelle ère » [102].

Références

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[2] Llobet Estany, M., Durán Monfort, P., Magaña González, C.R., Muñoz Garcia, A., et Piola Simioli, E. (2020). Précarisation alimentaire et bien-être : réponses et pratiques pour lutter contre l’insécurité alimentaire à Barcelone, Anthropology of Food, 15, 2-21. https://doi.org/10.4000/aof.11112

[3] Bastien, R., Tremblay, L. et Dumais, L. (2009). Jeunes, éducation et société : aux limites de l’inénarrable. Revue du CREMIS, 2(3), 6-10. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/jeunes-education-et-societe-aux-limites-de-linenarrable

[4] Van de Velde, C. (2016). Visages et expériences des « NEET » : « J’aimerais que quelqu’un m’attende quelque part ». Revue du CREMIS, 9(1), 27-32. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/visages-et-experiences-des-neet-jaimerais-que-quelquun-mattende-quelque-part

[5] Arpin, E. (2017). Normes genrées et rapports intimes : la vulnérabilité sexuelle des jeunes. Revue du CREMIS, 10(2), 43-47. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/la-vulnerabilite-sexuelle-des-jeunes

[6] Chamberland, L. et Bédard, I. (2013). Les jeunes des minorités sexuelles : le risque suicidaire. Revue du CREMIS, 6(1), 8-12. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/les-jeunes-des-minorites-sexuelles-le-risque-suicidaire

[7] Richard, G. et Chamberland, L. (2011). Se sentir chez soi. Revue du CREMIS, 4(1), 7-14. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/se-sentir-chez-soi

[8] Van de Velde, C. (2012). Le sort des jeunesses européennes : chemins contrastés. Revue du CREMIS, 5(1), 4-9. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/le-sort-des-jeunesses-europeennes-chemins-contrastes

[9] Van de Velde, C., Blais, A., Boudreault, S., Hardy, C., Konaté, K., Lagier, L., Lary, S., Maglioni, M. et Trigueros, P. (2022). Être jeune et vivre une pandémie. Revue du CREMIS, 13(1), 4-9. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/etre-jeune-et-vivre-une-pandemie

[10] Laé, J.-F. et Overney, L. (2023). Les Exilés et la pandémie en 2020. Journal des premiers jours. Revue du CREMIS, 14(1), 47-51. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/les-exiles-et-la-pandemie-en-2020

[11] Montgomery, C., Xenocostas, S., Mahfoudh, A., Stoetzel, N. et LeGall, J. (2009). L’alchimie des mémoires : souvenirs de la Kabylie. Revue du CREMIS, 2(3), 16-19. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/lalchimie-des-memoires-souvenirs-de-la-kabylie

[12] Choudry, A., Hanley, J., Jordan, S., Schragge, É. et Stiegman, M. (2009). Conditions de travail, justice, immigration : respect et résistance. Revue du CREMIS, 2(4), 7-14. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/conditions-de-travail-justice-immigration-respect-et-resistance

[13] Aguiar, L., Tomic, P. et Trumper, R. (2010). Histoires de travail : dans la vallée de l’Okanagan. Revue du CREMIS, 3(4), 30-33. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/histoires-de-travail-dans-la-vallee-de-lokanagan

[14] Thirot, M. (2010). Histoires de travail : l’impossible passage. Revue du CREMIS, 3(4), 16-22. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/histoires-de-travail-limpossible-passage

[15] Hsu, Yon (2010), « Histoires de travail : l’usine du monde », Revue du CREMIS, 3(4), 23-29. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/histoires-de-travail-lusine-du-monde

[16] MacDonald, S.-A., Côté, P.— B., Houde, S., Fontaine, A. et Greissler, E. (2022). Saisir l’itinérance au prisme des ruptures sociales et des expériences de fragilisation. Revue du CREMIS, 13(2), 35-41. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/saisir-litinerance-au-prisme-des-ruptures-sociales-et-des-experiences-de-fragilisation

[17] Fournier, A., Hurtubise, R., McAll, C. et Rose, M.-C. (2013). Pauvreté en région et migration rural-urbain : déracinements. Revue du CREMIS, 6(1), 46-51. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/pauvrete-en-region-et-migrations-rural-urbain-deracinements

[18] Fournier, A., Rose, M.— C., McAll, C., et Hurtubise, R. (2015). Mobilité et précarité résidentielle en région : bouger pour être. Revue du CREMIS, 8(2), 40-47. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/mobilite-et-precarite-residentielle-en-region-bouger-pour-etre

[19] Maurin, M. (2021). Les femmes en situation d’itinérance en France et au Québec : mixité, non-mixité et vulnérabilités de genre. Revue du CREMIS, 12(2), 26-32. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/les-femmes-en-situation-ditinerance-en-france-et-au-quebec-mixite-non-mixite-et-vulnerabilites-de-genre

[20] Reid, C., Keays, N. et Godrie, B. (2010). Passer par là. Revue du CREMIS, 3(1), 21-25. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/la-souffrance-psychique-et-les-lieux-du-social-passer-par-la

[21] Ménard, M.-A. (2010). Le cercle de l’exclusion sociale : casse-tête. Revue du CREMIS, 3(3), 46-49. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/le-cercle-de-lexclusion-sociale-casse-tete

[22] Perreault-Mandeville, É. (2023). Ne pas déranger : Pratiquer la mendicité ordinaire. Revue du CREMIS, 14(2), 43-48. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/ne-pas-deranger-pratiquer-la-mendicite-ordinaire

[23] Moriau, J. (2021). La lutte contre le sans-abrisme à Bruxelles : injustice spatiale et désagrégation des politiques sociales. Revue du CREMIS, 12(2), 9-14. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/la-lutte-contre-le-sans-abrisme-a-bruxelles-injustice-spatiale-et-desagregation-des-politiques-sociales

[24] McAll, C. (2019). Accepter de voir : la diversité de populations sans domicile ou à risque de l’être. Revue du CREMIS, 11(1), 41-47. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/accepter-de-voir-la-diversite-de-populations-sans-domicile-ou-a-risque-de-letre

[25] Dubois, V., Charron, C., Leclercq, J.— B., Sallée, N., Couvy, C. et Handfield, S. (2022). Les spirales de la rigueur : le contrôle des allocataires d’aide sociale en France. Revue du CREMIS, 13(1), 16-20. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/les-spirales-de-la-rigueur-le-controle-des-allocataires-daide-sociale-en-france

[26] Jetté, N. et Bissonnette, S. (2012). L’aide sociale de 1961 à 2012 : tours de vis. Revue du CREMIS, 5(2), 40-46. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/laide-sociale-de-1961-a-2012-tours-de-vis

[27] Plante, M.-C. (2008). Double jeu : le dilemme éthique des médecins avec les personnes à l’aide sociale. Revue du CREMIS, 1(1), 16-20. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/double-jeu-le-dilemme-ethique-des-medecins-avec-les-personnes-a-laide-sociale

[28] Giguère, N., Handfield, S. et Barbeau, D. (2017). Évaluer la contrainte sévère à l’emploi : travail interdisciplinaire et processus complexes. Revue du CREMIS10(2), 16-23. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/travail-interdisciplinaire-et-processus-complexes

[29] Desbiens, A., Dupuis, M.-J. et Gagné, D. (2022). Les « sables mouvants » de l’incitation au travail dans les politiques d’assistance sociale. Revue du CREMIS, 13(1), 21-27. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/les-sables-mouvants-de-lincitation-au-travail

[30] Groupe de recherche et de formation sur la pauvreté au Québec (GRFPQ), Boucher, M., Bissonnette, S., Regroupement des Auberges du cœur du Québec (RACQ) et Savard, T. (2017). Démantèlement de l’État social et lutte à la pauvreté : Quelle place pour la défense collective des droits? Revue du CREMIS, 10(1), 14-18. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/demantelement-de-letat-social-et-lutte-a-la-pauvrete-quelle-place-pour-la-defense-collective-des-droits

[31] Leclercq, J.-B. (2014). L’« organisation communautaire » au Québec et la reconfiguration de l’État social : le tournant. Revue du CREMIS, 7(1), 49-55. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/l-organisation-communautaire-au-quebec-et-la-reconfiguration-de-letat-social-le-tournant

[32] Côté, P.-B., MacDonald, S.-A. et Renard-Robert, G. (2019). L’intervention auprès de populations marginalisées et nouvelle gestion publique : renverser la subordination. Revue du CREMIS, 11(2), 16-20. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/lintervention-aupres-de-populations-marginalisees-et-nouvelle-gestion-publique-renverser-la-subordination

[33] Plourde, A. (2019). Revendications et contre-offensives de classe : l’État social québécois et la transformation des CLSC (1971-1981). Revue du CREMIS, 11(1), 4-10. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/revendications-et-contre-offensives-de-classe-letat-social-quebecois-et-la-transformation-des-clsc-1971-1981

[34] Charron, C. (2019). L’aide sociale et les transformations du rapport à l’État : sortir du carré de l’emploi. Revue du CREMIS, 11(2), 21-25. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/laide-sociale-et-les-transformations-du-rapport-a-letat-sortir-du-carre-de-lemploi

[35] Bernheim, E. et Sallée, N. (2016). Droits, justice, inégalités sociales : les institutions juridiques et la reproduction des inégalités. Revue du CREMIS, 9(2), 28-34. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/droits-justice-inegalites-sociales-les-institutions-juridiques-et-la-reproduction-des-inegalites

[36] Bellot, C. et Sylvestre, M.-E. (2012). La judiciarisation des populations itinérantes : pratiques de profilage. Revue du CREMIS, 5(1), 10-16. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/la-judiciarisation-des-populations-itinerantes-pratiques-de-profilage

[37] Gallié, M. (2017). Des jugements d’expulsion à la chaîne : l’accès à la justice à l’épreuve de l’industrie judiciaire. Revue du CREMIS, 10(2), 9-14. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/lacces-a-la-justice-a-lepreuve-de-lindustrie-judiciaire

[38] Bernard, L. et McAll, C. (2010). Jeunes Noirs et système de justice : la mauvaise conseillère. Revue du CREMIS, 3(1), 7-14. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/jeunes-noirs-et-systeme-de-justice-la-mauvaise-conseillere

[39] Bérard, J. et Sallée, N. (2023). Les silences de l’inceste. La justice face à des violences du passé lointain. Revue du CREMIS, 14(2), 24-29. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/les-silences-de-linceste

[40] Dumais-Michaud, A.-A. (2022). Les autorisations judiciaires de soins : perdre son droit de refuser des soins. Revue du CREMIS, 13(1), 10-14. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/les-autorisations-judiciaires-de-soins-perdre-son-droit-de-refuser-des-soins

[41] Ouellet, G. et Morin, D. (2013). Saisir de façon pluridisciplinaire la problématique DITED-Justice : le regard de l’autre. Revue du CREMIS6(1), 28-32. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/saisir-de-facon-pluridisciplinaire-la-problematique-dited1-justice-le-regard-de-lautre

[42] Carde, E. (2010). Identités stigmatisées et discriminations : l’étranger. Revue du CREMIS, 3(2), 27-31. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/identites-stigmatisees-et-discriminations-letranger

[43] Leblond, D. et Godrie, B. (2012). Orientation sexuelle, intervention et hétéronormativité : quelqu’un dans votre vie? Revue du CREMIS, 5(2), 4-9. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/orientation-sexuelle-intervention-et-heteronormativite-quelquun-dans-votre-vie

[44] Warin, P. (2010). Ciblage, stigmatisation et non-recours. Revue du CREMIS, 3(2), 16-22. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/ciblage-stigmatisation-et-non-recours-1

[45] Peñafiel, M. (2015). Au-delà de l’urgence : la Maison autochtone de Montréal. Revue du CREMIS, 8(2), 4-8. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/au-dela-de-lurgence-la-maison-autochtone-de-montreal

[46] Goulet, J., Lainé, A., Regroupement des Centres d’amitié autochtones du Québec et Fournier, A. (2010). Mouvement des Centres d’amitié autochtones : porter la cause. Revue du CREMIS, 3(3), 4-8. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/mouvement-des-centres-damitie-autochtones-porter-la-cause

[47] Héroux Brazeau, S., Benoit, R., Couvy, C., Cunningham, J. et Sallée, N. (2022). Décoloniser le système de santé : aperçu des travaux du Cercle consultatif en santé des Autochtones de Montréal. Revue du CREMIS, 13(2), 16-22. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/decoloniser-le-systeme-de-sante

[48] Besner, V. (2009). Le cercle de la vie : rencontre avec Annie Bearskin et Hélène Denoncourt. Revue du CREMIS, 2(1). https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/le-cercle-de-la-vie-rencontre-avec-annie-bearskin-et-helene-denoncourt

[49] Barbeau, D. et Fournier, A. (2008). Reconnaissance, justice et peuples autochtones : un projet de santé communautaire menacé par l’Église catholique au Guatemala. Revue du CREMIS, 1(1), 32-34. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/reconnaissance-justice-et-peuples-autochtones-un-projet-de-sante-communautaire-menace-par-leglise-catholique-au-guatemala

[50] Action Autonomie. (2009). Stigmatisation, inégalités et santé : ailleurs et autrement. Revue du CREMIS, 2(2), 4-5. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/stigmatisation-inegalites-et-sante-ailleurs-et-autrement

[51] Musanganya, A. et Besner, V. (2010). Orientation sexuelle et discriminations : gai, noir, out et bien. Revue du CREMIS, 3(3), 9-12. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/orientation-sexuelle-et-discriminations-gai-noir-out-et-bien

[52] Charest, R. (2009). Marginalité et politique : le malentendu. Revue du CREMIS, 2(3), 4-5. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/marginalite-et-politique-le-malentendu

[53] Estany, M. (2009). Marginalité et politique : le saut créatif. Revue du CREMIS, 2(2), 17-21. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/marginalite-et-politique-le-saut-creatif

[54] Louis, I. (2009). Marginalité et politique : autonomie ou instrumentalisation? Revue du CREMIS, 2(2), 22-25. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/marginalite-et-politique-autonomie-ou-instrumentalisation

[55] Bordeleau, F. (2016). La coopérative de récupérateurs des Valoristes : repenser le travail à la marge. Revue du CREMIS, 9(2), 40-44. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/la-cooperative-de-recuperateurs-les-valoristes-repenser-le-travail-a-la-marge

[56] Yerochewski, C. (2011). Autogestion et résistances. Revue du CREMIS, 4(1), 29-34. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/autogestion-et-resistances

[57] Fournier, A. (2011). Déclin industriel et action anti-pauvreté : l’incubateur. Revue du CREMIS, 4(4), 39-44. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/declin-industriel-et-action-anti-pauvrete-lincubateur

[58] Berti, F. (2019). Coopératives communautaires italiennes : le « Welfare rural » et la renaissance des campagnes. Revue du CREMIS, 11(1), 11-16. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/cooperatives-communautaires-italiennes-le-welfare-rural-et-la-renaissance-des-campagnes

[59] Labrecque-Lebeau, L. (2020). La pratique d’intervention pivot en autisme : coordonner les réalités. Revue du CREMIS, 12(1), 4-8. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/la-pratique-dintervention-pivot-en-autisme-coordonner-les-realites

[60] McAll, C., Lupien, P.— L., Guttiérrez, M., Fleury, A., Robert, A. et Rode, A. (2013). L’impact du projet Chez soi du point de vue des participants : le sentiment d’exister. Revue du CREMIS, 6(2), 10-16. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/limpact-du-projet-chez-soi-du-point-de-vue-des-participants-le-sentiment-dexister

[61] Handfield, S. (2017). Accompagnement psychosocial en déficience intellectuelle et itinérance : des liens qui soutiennent et qui stabilisent. Revue du CREMIS, 10(2), 30-36. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/des-liens-qui-soutiennent-et-qui-stabilisent

[62] Régimbal, F., Gonin, A., Centre Paul-Émile-Léger et Deschênes, M. (2016). L’approche de collaboration au sein de l’unité de vie La Clé des champs : une visée d’autodétermination. Revue du CREMIS, 9(1), 4-10. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/lapproche-de-collaboration-au-sein-de-lunite-de-vie-la-cle-des-champs-une-visee-dautodetermination

[63] Haley, N., Cyr, G., Fiorito, J. et Godrie, B. (2010). Les dix ans de la Clinique des jeunes de la rue : respect et confidentialité. Revue du CREMIS, 3(3), 41-45. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/les-dix-ans-de-la-clinique-des-jeunes-de-la-rue-respect-et-confidentialite

[64] Laberge, S., Dusseault, M., Simard, S., Langlois, M. et Lapointe, L. (2010). Intervention, jeunes et milieu scolaire : bien dans mes baskets. Revue du CREMIS, 3(2), 42-45. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/intervention-jeunes-et-milieu-scolaire-bien-dans-mes-baskets

[65] Boucher, V. (2011). Passagères. Revue du CREMIS, 4(2), 48-50. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/passageres

[66] Rose, M.-C., Baillergeau, É., Hurtubise, R. et McAll, C. (2013). Équipe mixte policiers-intervenants : colmater les failles. Revue du CREMIS, 6(1), 21-27. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/equipe-mixte-policiers-intervenants-colmater-les-failles

[67] Schmit, J., Pomey, M.— P., Roux, E. et Côté, M.-A. (2023). L’intégration de patientes accompagnatrices dans l’équipe de soins des patientes atteintes d’un cancer du sein au CHU de Montréal : un nouveau levier pour agir sur les inégalités sociales de santé? Revue du CREMIS, 14(1), 26-31. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/lintegration-de-patientes-accompagnatrices-dans-lequipe-de-soins-des-patientes-atteintes-dun-cancer-du-sein-au-chu-de-montreal

[68] Richard, G. et MacLorin, C. (2011). L’intervention par les pairs-aidants auprès des jeunes de la rue : entre deux mondes. Revue du CREMIS, 4(4), 16-20. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/lintervention-par-les-pairs-aidants-aupres-des-jeunes-de-la-rue-entre-deux-mondes

[69] Plante, M.-C., et McAll, C. (2010). Le long parcours. Revue du CREMIS, 3(2), 4-7. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/le-long-parcours

[70] Mariette, A. et Pitti, L. (2022). Contester le pouvoir médical : médecine sociale et santé communautaire en quartiers populaires. Retour sur les années 1970 au Québec et en France. Revue du CREMIS, 13(2), 23-28. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/contester-le-pouvoir-medical

[71] Harper, S. et Besner, V. (2009). L’enfance encerclée : un chaos créateur. Revue du CREMIS, 2(4), 31-34. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/lenfance-encerclee-un-chaos-createur

[72] Richard, L., et Gendron, S. (2014). La pratique infirmière d’interface en contexte de vulnérabilité sociale : faire autrement. Revue du CREMIS, 7(2), 4-10. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/la-pratique-infirmiere-dinterface-en-contexte-de-vulnerabilite-sociale-faire-autrement

[73] Adam-Côté, H. et Camara, S. (2013). L’intervention auprès des familles en orthophonie : dans les souliers de l’autre. Revue du CREMIS, 6(2), 18-23. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/lintervention-aupres-des-familles-en-orthophonie-dans-les-souliers-de-lautre

[74] Rose, M.-C. et Hurtubise, R. (2014). Troubles délirants, intervention policière et espace public : sous un autre jour. Revue du CREMIS, 7(1), 22-28. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/troubles-delirants-intervention-policiere-et-espace-public-sous-un-autre-jour

[75] Lauzon, D. et Ricouart, M.-A. (2014). Soutenir à domicile : une présence. Revue du CEMIS, 7(2). 52—55. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/soutenir-a-domicile-une-presence

[76] Farinas, L. (2009). Documenter la créativité : le travail de liaison en itinérance. Revue du CREMIS, 2(1), 31-36. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/documenter-la-creativite-le-travail-de-liaison-en-itinerance

[77] Schäppi, P. (2012). L’intervention auprès des jeunes : visions du monde. Revue du CREMIS, 5(1), 34-39. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/lintervention-aupres-des-jeunes-visions-du-monde

[78] Leclercq, J.-B. (2017). Créativité sociale en temps de crise : Savoirs et engagement dans un centre sociocommunautaire autogéré à Barcelone. Revue du CREMIS, 10(1), 20-27. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/creativite-sociale-en-temps-de-crise-savoirs-et-engagement-dans-un-centre-sociocommunautaire-autogere-a-barcelone

[79] CREMIS. (2009, été). L’Alchimie des mémoires (Revue du CREMIS, volume 2, numéro 3). https://cremis.ca/publications/revues/lalchimie-des-memoires

[80] Gagné, J. (2008). La liberté de créer : co-produire des connaissances. Revue du CREMIS, 1(2), 25-30. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/la-liberte-de-creer-co-produire-des-connaissances

[81] Desgagnés, J.-Y., Jetté, N. et McAll, C. (2022). Liaisons dangereuses : regards croisés sur les collaborations entre la recherche universitaire et le Front commun des personnes assistées sociales. Revue du CREMIS, 13(1), 35-40. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/liaisons-dangereuses

[82] Bissonnette, S. (2014). Croisement des savoirs en recherche et classes sociales : se mouiller. Revue du CREMIS, 7(2), 26-31. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/croisement-des-savoirs-en-recherche-et-classes-sociales-se-mouiller

[83] Fleury, A. (2010). Marcher sans carte. Revue du CREMIS, 3(4), 49-51. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/marcher-sans-carte

[84] Lupien, P.-L. (2011). Jeunes et discriminations : en route vers Wattrelos. Revue du CREMIS, 4(4), 45-51. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/jeunes-et-discriminations-en-route-vers-watrelos

[85] Gonçalves, M. (2016). 17ème Atelier international de recherche et d’actions sur les inégalités sociales et les discriminations du CREMIS, Bruxelles 2016 : si un meilleur existe, il n’est peut-être pas ailleurs. Revue du CREMIS, 9(1), 42-51. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/17eme-atelier-international-de-recherche-et-dactions-sur-les-inegalites-sociales-et-les-discriminations-du-cremis-bruxelles-2016-si-un-meilleur-existe-il-nest-peut-etre-pas-ailleurs

[86] Gendron-Langevin, M. (2012). À l’école de l’ethno-théâtre : « Dans l’fond-là… ». Revue du CREMIS, 5(3), 23-27. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/a-lecole-de-lethnotherapie-dans-lfond-la

[87] Gaudet, L. (2009). L’alchimie des mémoires : à la belle étoile ». Revue du CREMIS, 2(3), 24-28. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/lalchimie-des-memoires-a-la-belle-etoile/

[88] Lupien, P.-L. (2010). Identités stigmatisées et discriminations : le son de la forêt ». Revue du CREMIS, 3(2), 32-36. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/identites-stigmatisees-et-discriminations-le-son-de-la-foret

[89] Gendron-Langevin, M., Vachon, M., Côté, A. et Grenier, C. (2021). Invitation au théâtre : Si un jour je meurs, ce ne sera pas une surprise. Revue du CREMIS, 12(2), 33-39. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/invitation-au-theatre-si-un-jour-je-meurs-ce-ne-sera-pas-une-surprise

[90] Bastien, R. et Lacasse, B. (2023). Le film autobiographique comme action de citoyenneté autonome. Revue du CREMIS, 14(2), 36-42. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/le-film-autobiographique-comme-action-de-citoyennete-autonome

[91] MacLorin, C. (2012). Hip hop, slam et culture urbaine : dire ce qu’on vit. Revue du CREMIS, 5(2), 23-26. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/hip-hop-slam-et-culture-urbaine-dire-ce-quon-vit

[92] Vallerand, O. (2023). Enseigner la conception avec des populations marginalisées : potentiels et enjeux éthiques d’ateliers universitaires de design participatif. Revue du CREMIS, 14(1), 10-16. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/enseigner-la-conception-avec-des-populations-marginalisees

[93] Godrie, B. (2015). Un projet expérimental dans le champ de la santé mentale : savoirs d’expérience et savoirs professionnels. Revue du CREMIS, 8(1), 4-8. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/un-projet-experimental-dans-le-champ-de-la-sante-mentale-savoirs-dexperience-et-savoirs-professionnels

[94] Karazivan, P., Berkesse, A., Flora, L. et Dumez, F. (2014). Savoirs expérientiels et sciences de la santé : des champs à défricher. Revue du CREMIS, 7(1), 29-33. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/savoirs-experientiels-et-sciences-de-la-sante-des-champs-a-defricher

[95] CREMIS. (2019, automne). Pouvoirs d’agir (Revue du CREMIS, volume 11, numéro 2). CREMIS. https://cremis.ca/publications/revues/pouvoirs-dagir

[96] Myaux, D., Serré, A., Hubert, H.-O. et Vleminckx, J. (2016). Recherche-action participative et accès à l’alimentation durable : des terrains bruxellois au sol fécond. Revue du CREMIS, 9(1), 11-18. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/recherche-action-participative-et-acces-a-lalimentation-durable-des-terrains-bruxellois-au-sol-fecond

[97] Despars, M. (2009). Itinérance, pauvreté et exclusion sociale : regagner du pouvoir sur sa vie. Revue du CREMIS, 2(2), 9-10. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/itinerance-pauvrete-et-exclusion-sociale-regagner-du-pouvoir-sur-sa-vie

[98] Hurtubise, R., Keays, N. et Roy, S. (2008). Itinérance, pauvreté et exclusion sociale : et si les pratiques m’étaient contées… Revue du CREMIS, 1(2), 35-40. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/itinerance-pauvrete-et-exclusion-sociale-et-si-les-pratiques-metaient-contees

[99] CREMIS. (2023, automne). Se dire, ou être dit·e (Revue du CREMIS, volume 14, numéro 2). https://cremis.ca/publications/revues/se-dire-ou-etre-dit-e

[100] Richard, J. (2017). Exister dans le paysage : la voix des jeunes marginalisés en milieu rural. Revue du CREMIS, 10(1), 33-38. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/exister-dans-le-paysage

[101] Mensah, M., Chesnay, C., Foray, C. K. et Fournier, L. (2023). Témoignages publics et représentations culturelles de femmes judiciarisées. Revue du CREMIS, 14(2), 30-35. https://cremis.ca/publications/articles-et-medias/temoignages-publics-et-representations-culturelles-de-femmes-judiciarisees

[102] Kropotkin, P. (1899). Memoirs of a Revolutionist. Dover Publications, p.418-419 (ma traduction)