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Nouvelle normativité sociale et déficience intellectuelle : l’impasse pénale

Le mouvement de désinstitutionalisation des personnes ayant une déficience intellectuelle (DI) s’est accompagné d’un discours politique prônant leur intégration sociale dans une société juste et inclusive. Toutefois, comme en témoigne la présence de ces personnes dans le système pénal, la participation à la vie en communauté ne va pas de soi.

Qu’advient-il alors de l’idéal de justice et d’intégration des personnes vivant avec un handicap mental ? Le système pénal peut-il servir de levier d’adaptation et assurer la réinsertion sociale d’individus au double statut de « citoyen à part entière » et de « personne vulnérable » ? En s’appuyant sur des résultats de recherche d’un projet réalisé en milieu carcéral québécois, l’article propose une réflexion théorique autour de l’intervention pénale auprès des personnes ayant une DI.

« VU » pour vulnérable : la police à l’assaut des problèmes sociaux

Le système pénal apparaît de plus en plus comme un moyen de responsabiliser les individus qui ne correspondent pas à l’idéal du citoyen productif, doublé d’un dispositif pour orienter ceux-ci vers des traitements qui leur permettront de participer pleinement à la société. À partir d’une analyse de la littérature sur le sujet et des résultats de deux projets de recherche menés au Québec, cet article propose de mettre en lumière la manière dont les services policiers « VU » pour vulnérable : la police à l’assaut des problèmes sociaux participent activement au virage thérapeutique de l’État, en ciblant et en intervenant de façon intensive auprès d’individus catégorisés comme étant « vulnérables ».

Perceptions du personnel en milieu carcéral face aux détenus avec une déficience intellectuelle

Dans le cadre d’une recherche menée en milieu carcéral, il est apparu que les personnes reconnues comme ayant une déficience intellectuelle (DI) faisaient l’objet de distinctions marquées de la part du personnel. L’objectif de cet article est de rendre compte de ces distinctions dans les perceptions du personnel en milieu carcéral et de proposer quatre profils de détenus ayant une DI élaborés suivant une approche typologique.

Quatre profils ont ainsi été identifiés : le « vulnérable », le « pensionnaire», l’« énervant » et le « dangereux ». Ces profils semblent jouer un rôle de balises dans le traitement des personnes avec une DI en milieu carcéral.

L’Individu-problème et son double dans le champ de l’intervention

Ce chapitre se structure autour de résultats de recherche portant sur la gestion pluri-institutionnelle (par exemple pénale, psychosociale, psychiatrique) d’individus considérés comme étant socialement problématiques.

À partir du cas de figure des personnes composant avec une déficience intellectuelle qui entrent en contact avec la justice pénale, nous exposerons la double conception de l’individu qui émerge du discours des intervenants œuvrant au sein de différents dispositifs de régulation. Nous verrons alors en quoi le double statut de l’individu, à la fois limité et capable, renvoie à deux conceptions de la société qui s’opposent. Une conception contemporaine selon laquelle l’individu est producteur du
social et une conception, antérieure mais toujours présente, selon laquelle la société est produite à travers un rapport déterministe des institutions sur les individus.

En somme, l’ambivalence dans les réponses à apporter aux situations impliquant des individus reconnus comme étant problématiques reflète celle qui caractérise la conception de la manière de «faire société» dénotée dans les discours de chacun des intervenants concernés.

Le travail en réseau en contexte post-désinstitutionnalisation

Dans ce chapitre, nous souhaitons nous pencher sur la question du travail d’intervention en réseau, en contexte de post-désinstitutionnalisation. Nous voulons rendre compte d’analyses issues d’un projet de recherche qui avait pour objectif d’étudier l’Étatréseau à travers ses nouvelles modalités de travail en concertation à l’occasion de situations dans lesquelles des personnes ayant un handicap intellectuel entrent en contact avec le système de justice pénale.

Ces analyses tendent à démontrer que, malgré la volonté des parties prenantes de s’arrimer, de se coordonner et d’établir de nouveaux partenariats de travail, les obstacles à cette mise en réseau sont si importants que le continuum de services fluide et cohérent, voulu et valorisé, peine à se déployer sur le terrain de la pratique.