Réparer les relations d’exclusion

Une dimension importante du travail d’intervention est de contribuer à réparer les relations d’exclusion dans lesquelles se sont longtemps inscrites les personnes desservies. Il s’agit d’offrir un contexte propice pour bâtir une relation significative avec les personnes, puis de les accompagner dans l’établissement de relations satisfaisantes avec leur environnement. Ce travail cible ainsi à la fois la personne et son environnement social, afin de poser les bases pour retisser des liens significatifs avec la société.

Par exemple, ça peut vouloir dire…

  • Accompagner la personne dans des lieux publics, poser des gestes du quotidien, des gestes de citoyen ordinaire, s’inscrire dans des activités « normalisantes ».
  • La réinsertion sociale de personnes qui ont parfois été très désaffiliées ne doit pas se limiter à l’intégration au logement.
  • Sensibiliser les différents partenaires au fait que certains comportements constituent des symptômes de la maladie mentale ou s’inscrivent dans des expériences antérieures avec les services, afin qu’ils assouplissent leurs critères d’accès et que la personne puisse en bénéficier.
  • Un travail de médiation entre la personne en situation d’itinérance et son environnement permet d’agir comme modèle (modeling) à la fois pour la personne accompagnée et pour les gens de son environnement (services, acteurs autour du logement, réseau social).
  • Lorsque le lien est là et que la situation de la personne est stable, accompagner le développement d’habiletés relationnelles en ajustant tranquillement les exigences de l’intervention sur la base de la réalité des autres services (les critères des autres ressources, le niveau de tolérance aux comportements dérangeants, etc.).
  • On vise notamment à ce que la relation positive développée avec unE intervenantE permette de nourrir l’espoir chez la personne qu’il est possible de recevoir de l’aide et d’établir des relations saines.
  • À la fin d’un suivi, il importe de faire un transfert personnalisé vers une autre ressource afin que les personnes y soient accueillies et reconnues dans leurs besoins.

Pour en savoir plus, consultez les récits de pratiques, et notamment

Groupe de conversation thérapeutique
« Graduellement, un collectif commence à se construire, permettant aux individus de sortir de leur solitude. Les participants constatent qu’ils ne sont pas les seuls à vivre certaines situations difficiles. »
Équipe itinérance, CSSS Jeanne-Mance, Montréal

Trouble délirant et vie à la rue : interventions de médiation pour limiter la judiciarisation
 « À la sortie de prison, c’est souvent un retour à la rue. Et le cycle recommence. L’accompagnement des personnes dans leurs démarches juridiques et le travail de médiation auprès des policiers fait partie de la réhabilitation sociale. »
Projet Chez soi à Montréal
Équipe de suivi intensif dans le milieu (SIM), CSSS Jeanne-Mance

Prendre la parole au sérieux, malgré le délire. Une histoire de futon
« Il faut accepter de “parler psychotique”, ne pas voir peur d’aller dans l’irrationnel avec elle. Sinon nous ne pourrons pas l’aider. »
Projet Chez soi à Montréal
Équipe de suivi à intensité variable (SIV), Diogène

Après le décès. Préserver le droit à la dignité et rester à l’écoute des proches
« Il a été marginalisé dans sa vie, mais il n’est pas parti dans l’anonymat. » Projet Chez soi à Montréal
 Équipe de suivi à intensité variable (SIV), Diogène

Avoir des papiers pour exister
 « Un de nos mandats est de redonner aux personnes le goût d’être des citoyens à part entière. »
Projet Chez soi à Montréal
 Équipe de suivi intensif dans le milieu (SIM), CSSS Jeanne-Mance

Terminer une relation d’intervention… tout en maintenant l’élan
« Les personnes qui ont vécu longtemps à la rue ont souvent une faible estime d’eux-mêmes. Le bilan sert à explorer avec elles le fait que les étiquettes qu’elles portent sur elles-mêmes ne sont plus aussi pertinentes qu’elles l’ont été. » 
Projet Chez soi à Montréal
 Équipe de suivi à intensité variable (SIV), CSSS Jeanne-Mance