Midi du CREMIS

Comment les addictions légères deviennent-elles sévères ? Une « réplication contrefactuelle » 

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Depuis sa troisième édition révisée (DSM-III-R), le Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux envisage les « troubles de l’usage d’une substance » selon une logique combinatoire. Désormais, n’importe quelle combinaison de deux à trois critères trouvés chez un sujet fournit la matière au diagnostic d’un trouble « léger », une combinaison de quatre à cinq identifie un trouble « moyen » et six symptômes ou plus, un trouble « grave ».

En parallèle, les chercheurs qui ont contribué aux révisions successives du manuel se sont également interrogés sur la sévérité des critères eux-mêmes. Savoir si, par exemple, l’apparition du « syndrome de sevrage » relèverait d’un trouble plus grave que le critère de « tolérance » à la substance, soulève un enjeu : comment, techniquement, mesurer la sévérité de ces items ? Conceptuellement, il transparaît aussi de ce questionnement un schéma par lequel l’Association de Psychiatrie Américaine imagine l’individu développer une addiction de plus en plus préoccupante.

Dans cette perspective, chaque symptôme (ou critère) se caractériserait par un degré de sévérité mesurable individuellement. Mais peut-on exclure que cette sévérité ne soit pas intrinsèquement dépendante des autres critères présents ?

Cette recherche en cours envisage, quant à elle, la sévérité des critères d’addiction selon une approche non pas individuelle mais combinatoire. Nous imaginerons – le temps d’un dîner – que la sévérité de ces symptômes tienne à l’effet combiné de leur présence en configurations variables. Je présenterai les résultats provisoires d’une méthode d’analyse répondant à une telle supposition.

Cette activité interpellera plus spécifiquement les chercheur·es et praticien·nes qui souhaitent ouvrir “la boite noire“ du DSM. Les résultats tirés de l’étude en cours illustrent le fait que son fonctionnement est basé sur des suppositions pouvant être questionnées voire remplacées.  

Conférencier

Gauthier Bayle, post-doctorant du CREMIS