Les intervenantEs s’adressent à des personnes dont les conditions de vie ou les comportements peuvent en certaines occasions les mettre en danger ou encore menacer la sécurité des autres. Se positionner en regard des risques est un enjeu central du travail d’intervention. Cela dit, s’adressant à des personnes qui sortent des cadres établis, l’intervention demande de peaufiner l’évaluation des risques dans le suivi et de faire appel à une plus grande tolérance à l’égard des comportements marginaux. Ce travail suppose de tolérer une certaine « zone d’inconfort » en tant qu’intervenantEs. C’est à cette condition qu’il devient possible d’enter en lien et d’offrir des services à des personnes en marge du système des soins.
Quatre principes d’intervention pour évaluer les risques et faire face aux crises et aux comportements agressifs:
- S’outiller pour évaluer les risques (sans paniquer)
- Co-développer de stratégies de réduction des méfaits avec les personnes
- Faire des pas de plus après la crise
- Demeurer flexible et stratégique à l’égard des comportements agressifs
Pour voir ce que ça veut dire sur le terrain, lisez les récits de pratiques:
Dérangeant ou dangereux?
« Souvent, on appuie sur le bouton panique dès que les personnes haussent le ton. »
« Une fois la crise passée, nous reprenons nos rôles respectifs. Lui redevient l’acteur de sa propre vie. À nouveau, nous allons le laisser gérer sa folie le plus possible. »
Projet Chez soi à Montréal
Équipe de suivi àintensité variable (SIV), Diogène
De la rue au CHSLD : franchir les barrières de l’itinérance
« Dans le travail d’accompagnement, nous avons fait le constat que ce sont deux personnes qui surestiment leurs capacités fonctionnelles.»
Projet Chez soi à Montréal
Équipe de suivi intensif dans le milieu (SIM), CSSS Jeanne-Mance
Faire alliance avec un individu aux prises avec un délire de persécution
« L’évaluation des risques est plus confortable quand on fait le suivi auprès d’une personne qui a une adresse et avec qui il y a des contacts réguliers. » Projet Chez soi à Montréal
Équipe de suivi à intensité variable (SIV), CSSS Jeanne-Mance
Aux limites de l’intervention. Se positionner en regard de comportements violents
« Lorsque nous sommes à l’affût de notre intégrité physique et psychique, nous ne sommes pas dans une relation d’aide. »
Projet Chez soi à Montréal
Équipe de suivi à intensité variable (SIV), CSSS Jeanne-Mance
« Suivre » une dame qui refuse de bouger. Accompagner une personne qui souffre d’un trouble sévère de personnalité
« Elle nous teste et ça prend des nerfs solides! »
Projet Chez soi à Montréal
Équipe de suivi à intensité variable (SIV), Diogène
La venue d’un nouveau-né : offrir des moyens et suivre le défilé
« Tou.te.s les intervenant.e.s ont probablement souhaité qu’ils aient la garde de leur enfant. L’élastique a été étiré au maximum, y compris par la DPJ. »
Projet Chez soi à Montréal
Équipe de suivi intensif dans le milieu (SIM), CSSS Jeanne-Mance
Accompagner sans succomber à l’urgence. Quand l’intervention consiste à attendre le moment propice au rétablissement
« Nous ne sommes pas face à quelqu’un qui est complètement déconnecté de la réalité. Nous sommes devant une femme qui a des difficultés relationnelles, qui manque de tolérance face à la frustration et qui a un problème de toxicomanie. Il faut regarder l’ensemble du tableau. Si nous tombons également dans l’urgence, nous ne pourrons pas l’aider.»
Projet Chez soi à Montréal
Équipe de suivi à intensité variable (SIV), Diogène
Mettre en place les conditions pour « attendre l’étincelle »
« L’équipe est plus tolérante que bien d’autres ressources, car on sera encore là le lendemain. On laisse la personne prendre des risques. »
Projet Chez soi à Montréal
Équipe de suivi intensif dans le milieu (SIM), CSSS Jeanne-Mance
Face à l’agressivité : sortir des cadres établis
« Un des objectifs de la rencontre était de faire signer à Blake un contrat stipulant qu’il ne serait pas intimidant ou agressif envers les gens du projet Chez soi.»
Projet Chez soi à Montréal
Équipe de suivi àintensité variable (SIV), CSSS Jeanne-Mance
Raccrocher à la vie des personnes qui souffrent de toxicomanie
« Il faut fixer des objectifs avec la personne et négocier des arrêts d’agir pour les comportements destructeurs. Nous avons convenu en équipe de faire un plan de crise avec Jason, que nous avons en fait appelé un plan de mort.»
Projet Chez soi à Montréal
Équipe de suivi à intensité variable (SIV), Diogène
Intervenir face à une double vulnérabilité : itinérance et déficience intellectuelle
« Je dois composer avec la présence de son père et de son conjoint, bien qu’il s’agisse de relations dysfonctionnelles, voire nuisibles pour Alice. »
Équipe itinérance, CSSS Jeanne-Mance, Montréal
Faire face à l’impuissance : personne âgée et trouble de personnalité
« Socialement, il est difficile de concevoir qu’une dame aussi âgée et hypothéquée physiquement puisse vivre dans la rue. »
Équipe itinérance,CSSS Jeanne-Mance, Montréal
Soigner et protéger : entre responsabilités professionnelles et volonté individuelle
« Les refus de soins ne sont pas toujours des choix éclairés, mais plutôt des choix contraints par la maladie. Si cette personne n’avait pas cette maladie, ferait-elle le même choix? »
Équipe itinérance, CSSS Jeanne-Mance, Montréal
Pour en savoir plus
- Rapport de recherche: Équipes Chez soi à Montréal. Récits de pratiques et consensus d’expert –Hurtubise et Rose (2013)
- Rapport de recherche: Équipes itinérance en santé du Québec. Description de pratiques innovantes – Hurtubise et Babin (2010)
- Cahier des récits de pratiques des équipes Chez soi à Montréal – Hurtubise et Rose (2013)
- Cahier des récits de pratiques des Équipes itinérances du Québec – Hurtubise et Babin (2010)
- Version imprimable des 30 principes d’intervention