De grandes enquêtes sur le climat scolaire documentent depuis les années 2000 la portée des violences homophobes et, de façon plus spécifique, leurs impacts négatifs sur les élèves qui en sont victimes. La diffusion des résultats de ces enquêtes a fait accroître les appels à la vigilance des écoles quant à l’homophobie pouvant prendre forme en leur enceinte. Plusieurs de ces responsabilités ont échoué par défaut aux enseignants, notamment en raison de leur proximité avec leurs élèves. Les enseignants rapportent néanmoins, de manière consistante, manquer de formation, d’habiletés et d’aise pour intervenir contre l’homophobie ou parler de diversité sexuelle en classe.
Dans la foulée de ces travaux, Gabrielle Richard, doctorante en sciences humaines appliquées à l’Université de Montréal, a mené une étude auprès de plus de 250 enseignants et enseignantes du secondaire. Bien que la plupart estiment agir de façon à favoriser l’inclusion scolaire des jeunes non-hétérosexuel(le)s, les enseignants peuvent néanmoins adopter malgré eux des pratiques contribuant à alimenter les mêmes phénomènes d’infériorisation que ceux qu’ils cherchent à combattre. Les résultats suggèrent qu’il existe de fortes prescriptions normatives relatives au genre et à l’orientation sexuelle à l’école, et que les enseignants s’inscrivent malgré eux dans cet environnement hétéronormatif, que ce soit en contribuant à la reconduction de ces normes ou en les contestant.
Une conférence-midi présentée par Gabrielle Richard a eu lieu le 8 octobre 2014 au CREMIS afin de présenter les résultats de sa recherche doctorale.
Pour en savoir plus :
Richard, G. et Chamberland, L. (2011). Se sentir chez-soi. Revue du CREMIS, Vol.4 No1.