Les intervenantEs ont une responsabilité professionnelle à l’égard des personnes, du public en général et d’eux-mêmes. L’évaluation du risque et la protection de la personne passent par un temps d’observation stratégique, ainsi que par le développement de collaborations. Cela dit, l’évaluation de la dangerosité doit s’inscrire dans une vision à court, moyen et long termes, où la personne n’est pas réduite à la situation d’urgence.
Par exemple, ça peut vouloir dire…
Des balises
- Les intervenantEs doivent être forméEs, outilléEs et supportéEs en matière d’évaluation de la dangerosité. Les critères pour évaluer les risques doivent s’établir en équipe, sur la base d’un mandat professionnel clairement établi, et se baser sur un protocole de sécurité afin d’objectiver les situations, de prendre un recul à l’égard des sensibilités individuelles et de réduire le stress du cas par cas.
- En apprenant à connaître une personne, les intervenantEs affinent leur compréhension d’une situation et doivent distinguer entre:
- une situation problématique récurrente ou une crise
- un symptôme de maladie mentale, un trouble de comportement ou un épisode de consommation
- des comportements dérangeants ou dangereux
- Il est important que la personne collabore à l’évaluation de sa santé mentale. L’amener à y participer autant que possible et si elle ne collabore pas, le lui faire remarquer.
- Certaines personnes sont mauvaises juges de leurs capacités ou des dangers encourus. L’évaluation de la situation ne doit pas se fonder uniquement sur ce que la personne souhaite dévoiler, ce sur quoi elle souhaite travailler ou sur l’appréciation qu’elle a de sa situation.
Du sang froid
- Accompagner les personnes vers leur rétablissement, tel qu’elles le définissent, demande une certaine tolérance à l’exercice répété de l’évaluation des risques. Il est possible qu’à certaines époques de la vie des personnes il faille refaire cette évaluation régulièrement.
- Un certain temps peut être nécessaire à l’intervenantE pour évaluer les capacités d’une personne et sortir du sentiment d’urgence face aux réalités vécues par cette dernière.
- L’intervenantE a pour mandat d’évaluer l’état mental d’une personne et d’estimer la dangerosité des comportements qu’elle adopte et non pas de gérer les risques à la place de la personne. Ça demande du sang froid en tant qu’intervenantE pour gérer ses propres émotions et une bonne connaissance de soi.
Du temps et des collaborations
- Prendre le temps d’observer la personne permet de recueillir de l’information sur l’évolution de la situation. L’intervenantE doit notamment être en mesure d’évaluer si le niveau de dangerosité est supérieur à ce que la personne vit au quotidien.
- Les collaborations permettent à l’intervenantE de compter sur des alliés qui jouent un rôle de vigie auprès de la personne vulnérable, en ayant un contact régulier avec les personnes desservies. Ils sont donc en mesure de signaler aux intervenantEs des situations de plus grande détérioration qui nécessitent une intervention immédiate
- Les informations recueillies lors de l’observation stratégique peuvent être très utiles lorsqu’une requête pour évaluation psychiatrique est nécessaire.
Pour en savoir plus, consultez les récits de pratiques, et notamment
Dérangeant ou dangereux?
« Souvent, on appuie sur le bouton panique dès que les personnes haussent le ton. Une fois la crise passée, nous reprenons nos rôles respectifs. Lui redevient l’acteur de sa propre vie. À nouveau, nous allons le laisser gérer sa folie le plus possible. »
Projet Chez soi à Montréal
Équipe de suivi àintensité variable (SIV), Diogène
Faire alliance avec un individu aux prises avec un délire de persécution
« L’évaluation des risques est plus confortable quand on fait le suivi auprès d’une personnequi a une adresse et avec qui il y a des contacts réguliers. » Projet Chez soi à Montréal
Équipe de suivi àintensité variable (SIV), CSSS Jeanne-Mance
La venue d’un nouveau-né :offrir des moyens et suivre le défilé
« Tous les intervenants ont probablement souhaité qu’ils aient la garde de leur enfant.L’élastique a été étiré au maximum, y compris par la DPJ. »
Projet Chez soi à Montréal
Équipe de suiviintensif dans le milieu (SIM), CSSS Jeanne-Mance
Accompagner sans succomber à l’urgence. Quand l’intervention consiste à attendre le moment propice au rétablissement
« Nous ne sommespas face à quelqu’un qui est complètement déconnecté de la réalité. Noussommes devant une femme qui a des difficultés relationnelles, qui manque de tolérance face à la frustration et qui a un problème de toxicomanie. Il faut regarder l’ensemble du tableau. Si nous tombons également dans l’urgence,nous ne pourrons pas l’aider.»
Projet Chez soi à Montréal
Équipe de suivi à intensité variable (SIV), Diogène
Faire face à l’impuissance : personne âgée et trouble de personnalité
« Socialement, il est difficile de concevoir qu’une dame aussi âgée et hypothéquée physiquement puisse vivre dans la rue. »
Équipe itinérance, CSSS Jeanne-Mance, Montréal
Soigner et protéger : entre responsabilités professionnelles et volonté individuelle
« J’ai expliqué au personnel de l’urgence qu’il est à haut risque de fugue et demandé s’il est possible qu’il reçoive rapidement les services.»
Équipe itinérance, CSSS Jeanne-Mance, Montréal