Ils sont nombreux, ces anonymes, à protester en ces mois de mai et juin. Chacun y va de ses raisons et de son point de vue. Induite par l’adoption de la loi 78, un conducteur de taxi voit la crise actuelle comme une brimade à la démocratie, une loi injuste nécessitant un engagement citoyen pour dénoncer la perte de sa liberté et de ses droits. Parce que ses parents étaient dans l’incapacité financière de l’aider dans ses études, un jeune se retrouve soudeur, sans trop d’amertume, et aide sa femme à faire des études. Aujourd’hui, dit-il, le gouvernement vend le savoir comme s’il s’agissait d’une marchandise, et le mouvement actuel est le prélude à la naissance d’une nouvelle société. Au fil des semaines, une avocate a changé d’avis. Elle a pris conscience que le mouvement étudiant visait des causes passablement plus profondes qui concernaient la démocratisation de l’enseignement et, du même coup, la constitution de la société et le rôle de l’État. Une analyste en informatique, mère de deux jeunes filles toutes deux étudiantes à l’université, se dit transformée par le mouvement actuel. Chaque soir, elle est joyeuse de taper de la casserole, car il s’agit du réveil d’une nation qui s’affranchit de l’individualisme. Arrêté par hasard, menotté et emprisonné avec cinq cents autres personnes sur la rue Sherbrooke, un jeune menuisier voit, au lendemain de son arrestation, l’imminence d’une société en transformation. Un pompier de quarante-quatre ans père de deux enfants affirme que sa génération n’a rien fait d’autre que de se battre pour leurs petites affaires. Pour lui, les jeunes d’aujourd’hui, les étudiants plus particulièrement, sont en train de changer le cours des choses dans la société. Il se rallie à cette cause, entre autres pour ses enfants et voit, dans l’avenir, se dessiner un monde plus juste. Une dame en arrêt de travail est fatiguée du tintamarre des casseroles, pourtant elle comprend qu’il faut se faire entendre. Une coiffeuse énonce trois interdits (lois) dans le domaine de la coiffure : ne pas parler d’argent, de politique et de religion. Pourtant, elle témoigne du fait que les étudiants ont raison de prendre la rue malgré les inconvénients que cela cause aux Montréalais. Avec ce documentaire, nous allons dans l’arrière-cour des casseroles pour mettre en relief, ce que les médias de masse occultèrent au plus fort du mouvement, la façon dont des citoyens entrevoient la société, leur rôle citoyen, la démocratie et le politique.
Documentaire.
Réalisation : Jean-François Laé et Robert Bastien.
Montage : Anna Woch.
Aide à la traduction : Renka Fuego.
Remerciements : Isabelle Perreault.
Musique : Le GGRIL avec Evan Parker. TDB 2012.
Durée approximative: 22 minutes. Noir et blanc. Sous-titres en anglais.
Une production du Centre de recherche de Montréal sur les inégalités sociales, les discriminations et les pratiques alternatives de citoyenneté (CREMIS). 2012.