La dépendance doit être abordée à la fois avec sérieux, souplesse et ouverture. Lorsque la personne n’est pas prête à cesser de consommer, et une fois réalisée l’évaluation des risques, il faut continuer de l’accueillir, sans tabous ni jugements, en faisant de l’éducation là où c’est possible.
Par exemple, ça peut vouloir dire…
- Ne pas paniquer et apprendre à vivre avec la réalité de la consommation en tant qu’intervenantE. On n’attend pas que les problèmes de dépendance soient réglés avant de travailler avec la personne. Il faut accepter de faire de l’intervention malgré la consommation. Il y a toujours quelque chose qui peut être fait, ne serait-ce que d’accueillir la personne, sans s’inscrire dans une approche punitive.
- Il est souvent difficile de faire la part des choses entre symptômes de toxicomanie, de santé mentale et troubles relationnels: il faut travailler sur les divers enjeux à la fois.
- Il y a une expertise à acquérir à propos des dangers liés à la consommation. Il faut être forméEs à propos des symptômes et des interactions entre les drogues et les médicaments, les effets des drogues sur la santé mentale. Il y a beaucoup d’évaluation des risques à faire : à chaque rencontre, on investigue. Avec le temps, on apprend à connaître les personnes à travers leur toxicomanie, à évaluer si la situation est stable ou s’il y a une augmentation des risques.
- Créer un espace où la personne peut se confier sans se sentir jugée, sans être dans la recherche de solution. Parfois, elle a surtout besoin de pouvoir parler ouvertement de ce qu’elle vit : la honte, l’impuissance, la gêne, la détresse.
- Envisager la dépendance comme une facette parmi d’autres dans la vie de la personne peut lui permettre de sortir de la honte, de ne pas se réduire au statut « d’alcoolique chronique » ou de « toxicomane ». Valoriser les aptitudes, les qualités, les bons coups.
- Si on n’exige pas que la personne soit à jeun pour travailler avec elle, on aménage cependant un espace de respect mutuel où la personne ne consomme pas devant l’intervenantE.
- Il faut maîtriser l’approche de la réduction des méfaits lorsque la personne ne désire pas arrêter de consommer. Il s’agit de reconnaître que la personne consomme, et par conséquent de l’éduquer à limiter les risques liés à la consommation, d’identifier avec elle comment consommer de la façon la plus sécuritaire possible.
- Dans le travail autour de la dépendance, l’intervenantE vise notamment à explorer avec la personne quelle est la fonction de la consommation dans sa vie.
- La toxicomanie peut parfois cacher une inaptitude à faire des choix éclairés. Dans ces situations, il faut être proactif pour protéger la personne d’elle-même.
Dépendance, ambivalence et réduction des méfaits : interventions auprès de quatre individus
« Mon travail est de susciter l’ambivalence. » Projet Chez soi à Montréal
Équipe de suivi intensif dans le milieu (SIM), CSSS Jeanne-Mance