État Social

Ce champ interroge le rôle et les transformations de l’État social sous l’angle des inégalités sociales, des discriminations et des pratiques alternatives de citoyenneté. L’ancrage du centre de recherche au sein du réseau de la santé et des services sociaux met la focale principalement sur le champ sociosanitaire, mais une définition élargie de l’État social sous-tend les travaux et les réflexions menés au CREMIS.

L’État social englobe l’ensemble des interventions étatiques qui visent la protection, le soutien, le bien-être et la justice sociale. Cet État social s’est doté, selon les pays, de compétences réglementaires, économiques et sociales aux larges retombées quotidiennes, dans une variété de champs (éducation, santé, logement, travail, revenu, famille, etc.) Pour autant, convient-il de limiter l’État social à l’action des pouvoirs publics? Les processus contemporains de décentralisation et d’externalisation (au secteur communautaire ou associatif, principalement) des politiques publiques observées au Québec, comme dans d’autres sociétés libérales, déplacent les frontières et redéfinissent les visées de l’État social. L’influence grandissante du secteur privé, des fondations philanthropiques et de la Nouvelle gestion publique modifient en profondeur la conception des politiques publiques. De plus, l’approfondissement des écarts de richesse et la responsabilisation accrue des bénéficiaires révèlent de nouvelles dynamiques inégalitaires. Ce qui se joue et se conteste à la marge des institutions (actions collectives, mouvements sociaux et communautaires, alternatives citoyennes, etc.) de l’État social est également à considérer. D’où l’intérêt d’étudier aussi la production de l’État social à travers les tensions qui s’opèrent entre les différents acteurs.

Loin d’une forme figée et monolithique, l’État social se révèle donc comme un réseau complexe d’interdépendances (entre des entités, groupes et individus), traversé par des rapports de pouvoir (notamment au regard du genre, de la classe sociale, de la race et de l’ethnicité, de l’âge et/ou de l’orientation sexuelle). Le fait qu’il puisse à la fois réduire certaines inégalités sociales, tout en en (re)produisant d’autres met en lumière son caractère ambivalent.

Ce champ vise, en somme, à 1) analyser le rôle et les transformations de l’État social, et en saisir les impacts sur les pratiques et les populations; 2) comprendre les dynamiques inégalitaires qu’il atténue ou reproduit (pauvreté, écarts de santé et mortalité, stigmatisation, etc.); 3) relever les expérimentations au sein du réseau de la santé et des services sociaux, les pratiques alternatives et les formes de solidarité qui entrouvrent des brèches et redéfinissent les frontières de l’État social; 4) développer une perspective comparative.

Responsables

Élisabeth Greissler

Professeure adjointe, École de travail social, Université de Montréal

Jean-Baptiste Leclercq

Chercheur au CREMIS
Professeur associé département de sociologie, Université de Montréal

Dahlia Namian

Professeure agrégée, École de service social, Université d’Ottawa